mercredi 4 octobre 2017

Et soudain, la liberté



« Je commence à comprendre que pour parler d’Evelyne, je dois accepter que des souvenirs personnels s’immiscent dans le récit. »

Ce devait être l’œuvre d’une personne, Evelyne Pisier, dans laquelle elle souhaitait relater sa mère et se raconter. La vie ne lui en aura pas donné le temps. Son éditrice et amie, Caroline Laurent, au-delà de son rôle d’éditrice s’était engagé auprès du mari de son amie, le juriste et politologue ben connu Olivier Duhamel, à terminer et publier le livre sous forme de roman.

Cela donne un ouvrage protéiforme ; le roman en lui-même avec ses personnages rebaptisés, ses omissions volontaires et assumées ;une forme plus descriptive de ce qu’a été la vie d’Évelyne et de son entourage familial et amical, et le point de vue de Caroline Clément qui intègre son cheminement personnel dans la conception et la genèse de ce livre.

Ce roman est également un balayage historique allant de la seconde guerre mondiale aux grands mouvements des années 70, un témoignage sur l’émancipation des femmes prisonnières des mentalités d’un France colonialiste et bourgeoise, un tableau pas toujours très reluisant de la manière dont la nation mère traitait ses ressortissants du bout du monde .

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman/récit, pour ses qualités d’écriture, pour le formidable témoignage d’une certaine époque, et surtout pour tout ce qu’il comporte de preuves d’amitié et d’hommage d’une éditrice envers son auteur et amie. L’implication de l’auteur est importante sans être écrasante ; c’est tout la force de cet ouvrage.

Et soudain, la liberté, d’Évelyne Pisier et Caroline Laurent, aux éditions des escales (Août 2017, 440 pages)


Évelyne Pisier (1941-2017) est une écrivaine et politologue française.

Fille d'un haut fonctionnaire français, maurrassien partisan du Régime de Vichy, en poste à Hanoï, elle est internée à un an dans un camp de concentration japonais après l'invasion de l'Indochine. Elle vit ensuite à Nouméa, où son père est muté, puis s'installe à Nice avec sa mère et sa sœur, l'actrice Marie-France Pisier (1944-2011).
Sa mère se donne la mort par empoisonnement en 1988, à l'âge de 64 ans, deux ans après que son père se soit également suicidé par arme à feu.

En 1964, militante féministe et engagée à gauche, elle embarque avec d'autres étudiants pour à Cuba où elle se lie à Fidel Castro. Elle épouse ensuite Bernard Kouchner (1939) (avec qui elle aura trois enfants) et, sans cesser de militer, passe sa thèse de droit public en 1970.

Évelyne Pisier est docteur en droit de l'université Paris II, auteur d'une thèse soutenue en 1970 sous la direction de Georges Lavau et intitulée "Le service public dans la théorie de l'État de Léon Duguit". Agrégée de droit public et de sciences politiques, elle est nommée enseignante à l'IEP de Paris en 1972.

Elle se remarie avec le politologue Olivier Duhamel (1950), et ensemble, ils adoptent deux enfants chiliens.

En 1989, elle est nommée directrice du Livre au ministère de la Culture par Jack Lang. Elle est démise par Jacques Toubon en 1993.

En 1994, Evelyne Pisier intègre l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne comme professeur émérite.

Caroline Laurent est née en 1988. Agrégée de lettres modernes, directrice littéraire et amie d’Evelyne Pisier

2 commentaires:

  1. Je caignais un peu qu’il passe sur les relectures de janvier au détriment de L’avancée de la nuit. Bon, tu sembles avoir aimé, on verra bien

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